Sixième Numéro (N°5) : Cardiopathies Congénitales

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Le Dévouement à l’État Pur

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Le Thème de la Sixième Edition (N° 5) du Magazine est consacré aux « Cardiopathies Congénitales ». La Rubrique ScienSea les met en lumière notamment à travers des articles détaillant ‘‘La Tétralogie de Fallot’’ & ‘‘La Coarctation Aortique’’.

Au-delà des affections touchant le nouveau-né, nous nous intéresserons dans ces quelques lignes à l’origine reproductrice de la vie, La Mère. Pour la femme qui se prépare à entrer dans la maternité, l’enfant est d’abord une imagination, un rêve et une promesse de bonheur, d’émotions et autres sensations romanesques. Toutefois, quand un second cœur commence à battre au milieu de Ses entrailles, la promesse abstraite et naïve qui occupait le centre de Son esprit, se matérialise insensiblement par des changements anatomiques et physiologiques pour aménager le centre de Son corps. Il habite alors Son esprit et Son corps.

 L’anxiété suscitée par cet embryon de vie se dilate de façon aussi décidée que Son ventre, dont le poids la courbe et lui creuse le dos pour exiger déjà de fusionner avec elle, comme si tout le sang qu’il aspirait ne suffisait plus. Cet inconnu, si familier, l’engage dans une situation déjà vécue mais oubliée, connue de toutes mais ignorées de chacune.

Quand arrive le moment fatidique où ce fœtus insatiable s’impatiente d’occuper entièrement la vie quotidienne de sa Mère, il lui lacère la matrice par une douleur profonde et lancinante qui la consume de l’intérieur. La douleur irradie en rayon de roue vers tous ses muscles qui s’effilochent fibre par fibre ; lessivée, essorée, vidée de toute énergie, Son âme semble vouloir la quitter par tous Ses orifices. Pourquoi doit-Elle souffrir le martyr ? Est-ce une catharsis pour se rétablir de toutes ses anciennes souffrances ? Inutile d’essayer, aucun hymne ne saura l’en consoler.

 Si la poésie reste impuissante, un cri, sourd et prosaïque, peut instantanément ressusciter une Mère léthargique. La réanimation continue à travers les lèvres rampantes du chérubin sur Son Sein, interrompues par des mordillements gingivaux intermittents, cherchant le centre de ce qui demeurera longtemps son unique monde : l’un découvrant le monde par sa bouche, l’autre oubliant le sien par Son Sein, ils fusionnent. La dépendance et la faiblesse du nouveau-né la renforcent, ils se nourrissent mutuellement, chacun laissant quelque chose de son âme. Elle avait déjà commencé à l’aimer sans l’avoir vu ni connu, maintenant, Elle l’aimera quand Elle le connaîtra et quoiqu’il devienne. Son sort est scellé par une deuxième alliance, à cet instant, Elle sent qu’Elle est née pour être Mère et s’apprête à développer des facultés et des aptitudes, à éprouver des joies et des voluptés qu’aucune autre expérience terrestre ne saurait l’y introduire.

Nourrir Son enfant par une partie d’Elle-même et regarder Ses fluides se sublimer en organes, se convertir en mouvements et se transformer en sourires, consolident leur proximité biologique et corporelle, et induisent nécessairement une proximité incorporelle et une communion spirituelle. C’est bien plus grand que l’amour, qui est irrémédiablement voué à la sénescence. C’est le dévouement, le dévouement à l’état pur, qui croît avec les nécessités des besoins biologiques et psychologiques de son têtard. C’est un pacte non écrit, ad vitam aeternam, entre Dieu, La Mère et l’enfant.

Une autre dimension de la noblesse sera au rendez-vous dans la Rubrique Cultiv’Art à travers l’article ‘‘الحذاء‭ ‬الغني‭ ‬والحذاء‭ ‬الفقير’’, suivi d’une lecture comparative de la gestion de la pandémie dans les quatre continents, proposée dans l’article ‘‘Parallèles infectieux’’.

Par ailleurs, un autre type de parallélisme sera rompu chez La Mère. Prétendait-Elle auparavant être une femme libre, fière et indépendante ? Que nenni. Soumission absolue à une dictature babillante qui bénit de sa grâce par des bégaiements intangibles, des sourires édentés et des mouvements corporels confus et maladroits couvrant La Mère d’une douce résignation.

 Ceci étant, son abdication doit rester lucide pour relever Sa mission familiale : l’éducation. Deviner ses besoins, scruter ses envies, étudier son caractère, anticiper ses tracas, analyser ses réflexions deviennent un exercice permanent pour accompagner la construction de la personnalité d’un être venu sans mode d’emploi. Parmi les défis les plus épineux de l’éducation est celui d’équilibrer le “moi” de son rejeton avec l’“autre”, pour parachever sa socialisation. Ceci ne s’opère dans la sérénité, que lorsqu’Elle réalise en elle l’équilibre fragile entre autorité et indulgence. Quand céder ? Quand s’affermir ? Quand laisser le temps agir ? Cette besogne délicate est entourée par l’appréhension : Sa permissivité conduirait-elle à une rébellion ? Sa fermeté serait-elle traumatisante ? Cela s’ajoute à l’inquiétude inhérente à la socialisation, dans l’inéluctable obligation de partager son éducation avec l’école, la rue et la société. L’envie de pénétrer son être et son esprit, devient très vite obsédante pour tamiser ses pensées de toutes les impuretés de la vie qui souilleront ce dessein de famille, de société et de vie.

Quant à la Rubrique Livroscopie, elle abordera autrement la structure familiale par une lecture anthropologique de l’Histoire dans l’article ‘‘Où en Sommes-Nous ?’’, puis il sera question de morale et bonheur dans l’article qui traite de de la pensée utilitariste sous le titre‘‘En quête de Bonheur’’.

D’autre part, l’Histoire de l’enfant, soit son enfance, semble être une arnaque double. Elle se caractérise par une amnésie quant aux sacrifices consentis pendant le processus laborieux de son développement psychomoteur, doublée d’un manque de discernement du fait de son âge par rapports à certains traumatismes qu’il intériorise : il prend sans saisir et subit sans se saisir. L’enfant grandit et se transforme à son insu, jusqu’au moment où il se (re)découvre quand il commence à se penser. Il peut alors s’accepter totalement ou bien tout rejeter ou bien avoir la force mentale de se combattre et de s’épurer.

 Dans les deux premiers cas de figure, le grand enfant subit, comme un parvenu qui s’ignore, toutes les vicissitudes de ses hormones et les errances de sa génération, se parant d’un bas sentiment de supériorité, quand cet adulte en devenir se farde de l’assurance du politique sans la science du savant ni la sagesse du philosophe, se contentant des écumes de demi-savoir irrésistiblement entrainées par les vagues médiatiques. L’un des affronts les plus cruels qu’il peut faire à Sa Mère est celui d’assimiler à de la faiblesse, Sa sainte bonté, Son sens élevé du pardon et Son génie du sacrifice, quand ces derniers la contraignent à fléchir sa volonté ; affront qui affuble l’enfant d’une pseudo-couronne d’altière puissance, immature, ignorante et ingrate.

 N’est-il pas fréquent de voir des mômes, parce que sachant résoudre une équation du second degré, ou des Nietzschéens boutonneux, affliger leurs Mères par leurs agitations stériles et mesquines ? Si d’aventure leur supériorité s’avère effectivement vraie, n’est-ce pas à l’honneur de leur Mère ? L’élève qui dépasse le maître, n’est-ce pas réaliser l’épistémologie de la Science qui cherche toujours à être dépassée ? Au contraire, l’abandon de sa première bibliographie, les premiers piliers du savoir, représente une aberration scientifique, en niant le progrès qui se base sur l’accumulation et n’admet pas de hiatus dans le capital savoir. A l’évidence, le savoir-faire technique notamment la création d’algorithmes ou la prescription d’ordonnances n’est assurément pas synonyme de savoir-être comportemental ou relationnel et ne fournit pas les outils nécessaires à la compréhension de la vie sociale et politique.

 Une situation pernicieuse peut survenir quand le dévouement maternel bascule vers la dévotion aux yeux de Son enfant. Cette satiété lui fait oublier que Sa Mère a existé avant sa naissance et existe aussi en dehors de lui, au-delà de Son rôle de Mère, c’est une Femme avec une Histoire. Ces Mères qui ne savent pas guérir quand Elles blessent, comment sauraient-Elles guérir des meurtrissures venant de leur propre enfant ? Elles qui ne savent souffrir et se désoler que dans le silence. Quels efforts ne devraient-Elles pas faire sur Elles-mêmes devant cette version hideuse, acariâtre et, dans le meilleur des cas, transitoire de nous-mêmes, au moment où chacun devrait apprendre depuis la maternelle, à s’excuser à chaque fois qu’il tombe, d’avoir causé une douleur à Sa Maman, pour réaliser qu’il n’est de haut que ce qui a été élevé.

 Enfin, parler ou écrire sur La Mère ou sur La Famille est une tâche ardue, car les frontières sont floues entre le réel et l’idéal, Elle qui fut le premier idéal pour tout Homme. Idéal qui transcende les époques, les cultures, les sociétés et même les espèces, une part du Ciel dans la Terre, une part de l’infini dans le fini.

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