« Sans Titre » 2019

Abir Amina CHEKROUNI

D’abord, le blanc. 
A la jetée du regard, aussi loin que les yeux puissent voir, c’est le blanc. Un blanc immaculé, d’une pureté rare, d’un reflet scintillant, n’acceptant ni relief ni déformation aucune, se cristallisant en confettis. « Viens admirer ma beauté », dit-il à l’observateur. L’observateur est tenté, il l’envie, il le désire. Avec crainte et timidité, il avance. Il commence par s’étendre, « que c’est agréable ! » pense-t-il. Dans cet isolement, il retrouve sa placidité et sa sérénité. Le temps et l’espace n’ont plus de sens, ni même les êtres et le soleil à l’horizon. Il n’y a plus que lui et le blanc. Il se laisse engourdir. Mais la nature en décide autrement.
Le vent souffle, les arbres se dénudent, et les montagnes et les mares, dans un grand tintamarre. Peur, colère, ahurissement et stupeur. « Pourquoi ? bougonne-t-il dans sa clameur, l’on vient déranger mon esprit rêveur ? » 
Il se lève et, avec une hâte impétueuse, va se battre avec le vent. Et le vent frappe encore, et l’observateur se débat encore. Une lutte des plus fougueuses se déclare, l’un dénudant, l’autre habillant.   

Plusieurs heures passent ainsi, la fatigue commence alors à les gagner, et les blessures à les terrasser, peut-être est-il temps de céder ? « Silence, leur dit le blanc, trêve de dispute, tous deux vous savez que ça ne finira jamais, entendez sagesse, et apprenez à voir, autrement jamais vous n’arriverez à avoir gloire ! »  Ils regardent autours, et sont étonnés de voir le blanc, autrefois de marbre, s’habillant désormais aux couleurs de l’arc-en-ciel.

L’artiste alors met ses pinceaux, et admire son œuvre.

Tableau réalisé par Abir Amina CHEKROUNI